Formation ou pas ?
Est-ce le mois de septembre, la rentrée des classes, l'habitude ancrée loin dans les années d'école de remplir de petites fiches de bristol ("en haut à droite, en majuscules, vous inscrivez votre nom...") où je devais réfléchir au "métier que je voudrais faire quand je serais grande" ? "On" (mes parents) m'avaient informée : écrire, ce n'est pas un métier. Ils le pensent toujours d'ailleurs. C'est vrai que travailler pendant des heures pour offrir une page agréable à lire, garder l'esprit ouvert, tout le temps, parce que n'importe quel élément pourrait être source d'inspiration, se couper totalement du monde parce qu'il y a certaines histoires qui ne peuvent pas attendre pour être racontées, ce ne doit pas être un métier.
Par contre, passer de longs moments à faire semblant de m'occuper devant un écran vide, bondir sur le téléphone parce qu'il va enfin apporter un peu d'animation, ou profiter de la moindre occasion de "pause café", c'est une occupation raisonnable. La preuve, je suis payée pour ça.
Quoi qu'il en soit, depuis que j'ai quitté les bancs de l'école, chaque année l'automne m'apporte les mêmes réflexions qui se ramassent, hélas, aussi à la pelle. Qu'est-ce que je fais/veux faire de ma vie ?
La dernière grande réflexion, cette année, c'était de suivre une formation. Par correspondance. Sur trois ans. Avec des stages à effectuer alors que je travaille dans une entreprise où je n'ai aucune possibilité pour choisir mes jours de congés. Rien que ça.
Le problème, quand j'ai une idée en tête, c'est que j'aurais tendance à me faire croire que tout est possible. Je continue à en être persuadée, mais mon cher et tendre m'a néanmoins convaincue que j'avais peut-être des choses plus intéressantes à faire que de m'enfermer des soirées entières avec des livres de cours. Il a raison. J'aime bien les livres. J'aime bien apprendre. Mais j'ai toujours du mal à "m'obliger" de faire quelque chose. Il y en a déjà tellement que je ne peux pas faire, de réglements auxquels je me plie, que je n'ai pas nécessairement besoin d'en ajouter.
Ma conviction a été emportée par ce fait aussi : je ne peux pas, raisonnablement, étudier correctement, et écrire valablement. (tout ceci confirmé par mon amant). Alors, j'ai choisi. De prendre plus de temps à cogiter sur ce roman qui traine en longueur. D'enfin avancer sur ce projet de scénario qui m'a été suggéré. De chercher des gens qui voudraient que d'autres écrivent leur vie. Ou leurs mémoires. Ou tout texte pour lesquels ils seraient prêts à faire appel à moi. Je ne crois pas que je serai jamais une mercenaire de l'écriture. Mais mercenaire, ce ne doit pas être un métier non plus, je suppose. Alors, en attendant que Hollywood s'arrache mes romans (tant qu'à faire) je vais avancer au mieux dans notre monde. Et tenter de me battre pour ce en quoi je crois. Ca vaut mieux que de chercher sans cesse de nouvelles causes.
Cela dit, je vous rassure, je subis généralement une autre période de remise en questions en novembre, le mois qui précède mon anniversaire. Alors vous n'avez pas fini de me voir m'interroger...